11 août 2011

Premier essai : le dire ou pas

L'homme a cherché du regard son téléphone, empoigné la anse de son grand sac noir et, après un dernier regard, une dernière étreinte, à claqué la porte de l'appartement d'un mouvement décidé.
Oui, la nouvelle saison de rugby débute.
Et avec elle, les matchs, à plusieurs heures de notre nid, les troisièmes mi-temps, l'adrénaline

Pour ceux qui ne le savent pas, je fais partie des conjointes, ou coéquipières (hu hu voila la métaphore) d'un sportif de haut niveau. Un rugbyman de top 14 plus précisément. (Je ne sais pas pourquoi mais le terme "femme de joueur" m'embête, et fait rapidement apparaître chez tout le monde des images de bimbo blonde à l'orteil fushia et au parfum exagérément capiteux... alors j'évite).Et j'ai très longtemps hésité avant d'écrire sur ce sujet-là, sur cette facette de ma personne. Probablement par volonté de garder une part de ma vie hermétique au sport. Ou parce que je ne voudrais pas être résumée à la "copine de..."

Mais les fait sont là : le rugby est entré dans mon quotidien avec l'homme depuis 3 ans, et j'ai appris à connaître et à aimer ce sport à travers mon œil de fille qui  n'y connaissait rien et qui préférait les livres.
Écrire dessus, c'est un peu partager mon expérience avec ces autres "femmes de"(mais pas que) que je côtoie et qui ont un rôle qu'on ne soupçonne pas. Et avec qui veut, en fait, je ne suis pas sectaire.

D'où l'idée d'un premier sujet : doit-on dire ou non qu'on partage la vie d'un rugbyman?
Non pas que je ne sois pas fière du mien (j'ai élaboré une danse de sioux pour chacun de ses essais c'est dire si je m'implique), mais, parce qu'il se produit un phénomène curieux quand vous en venez à discuter à votre entourage. Je m'explique.

Phase 1 : Une discussion de courtoisie avec votre nouvel employeur/voisin/conseiller mutuelle dévie sur la vie personnelle : " Ah vous avez emmenagé sur Lyon avec votre ami? c'est bien ça... mais il est dans quelle branche?"
Moi : "heu...bien il est rugbyman".

Réaction imparable (100% de réussite, j'ai compté): "Rugbyman.... professionnel?"
Moi : (non non, il est notaire mais j'ai répondu au pif en fait parce que je suis une sacrée farceuse...) "oui, voilà, c'est son travail "

Phase 2 : La pupille de votre interlocuteur se met à danser (oui, le rugbyman a une aura de sympathie que je ne concevais pas avant), sa poitrine se gonfle, et là, vous voilà soit l'oreille qui recueillera ses regrets de jeunesse ("moi aussi, j'étais pilier dans le temps...pas un mauvais en plus! Arf ") soit partie à parler score, performances, tactiques... au choix. (je me suis abonnée à Sport + pour avoir plus de répartie)
A partir de cette minute, il est clair que vous avez perdu tout intérêt personnel aux yeux de votre nouvel ami (qui ne se rappelle déjà plus de votre nom) . En revanche vous venez de gagner un sacré "complice". N'y voyait rien de négatif, c'est par ailleurs un avantage. Sans a priori aucun, je doute que la copine d'un taxidermiste vende du rêve comme je peux le faire avec de simples mots comme "sélection", "plaquage" "3ème mi-temps". Sans parler d'une sorte de "respect" qui s'installe on ne sait pas trop pourquoi. Bref vous avez de nouveaux amis. 

Phase 3 :  Vous déclenchez une vague d'enthousiasme que vous ne maitrisez plus (c'est à peine exagéré). Et alors le score? et alors il n'est pas blessé? que vous remerciez avec honnêteté, mais que vous ponctuiez bien d'un "et moi aussi, je vais pas mal". Qu'on ne s'y trompe pas, la chose me fait plutôt sourire... quand en revenant dans ma rédac chérie après de longs congés (ok, une période de chômage), on me demande si la reprise se passe bien et que naïvement je réponds d'une voix candide "oui oui je reprends mes marques" et que là, gêné, mon boss me dit "oui bon... ok... c'est bien mais je parlais de l'entraînement de ton ami".... No comment...

Bref, il faut parfois se faire une raison. J'ai beau être géniale, forte, belle et intelligente (dites, c'est MON blog, j'écris encore ce que je veux), ma personne se retrouve moins sous les projecteurs que ma moitié.
Et finalement, ce n'est pas si mal... ça me permet de rester dans l'ombre, d'observer... et de revenir avec de nouveaux sujets sur le grill...
La femme tapie dans l'ombre, la championne du champion, c'est moi. Et ça me va.
Sur ce je vais me faire un autre café.

1 commentaire:

  1. Géniale, forte, belle et intelligente tu l'es! Il a bien de la chance d'avoir une telle supportrice/manager/publicitaire/responsable RP; qui en plus lui ramène de nouveaux fans!

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