21 février 2010

Sur le quai

De Florence Aubenas, j'aimerais avoir ne serait-ce que le quart du talent, de la passion, et de l'engagement. La classe devrais-je dire. Car oui, il en faut sacrément, de la classe, pour mettre le pied en terrain miné et en sortir un constat tout en recul et en nuances.
Pour ceux qui ne savent pas de qui je parle, en quelques mots il s'agit de cette reporter, jadis chez Libé, aujourd'hui au Nouvel Obs qui a écrit très justement sur l'affaire d'Outreau, et qui était retenue un temps en tant qu'otage en Irak, parce qu'elle y faisait son travail. Elle informait.
Et dans ce monde où les journalistes sont trop rapidement perçus comme vendus ou manipulateurs (ce même monde où tous les politiques sont des pourris, et toutes les blondes de sacrées idiotes), il est sans doute bon de reconnaitre aussi le travail précis de certains. Ce même travail qui, personnellement m'a donnée envie d'en faire partie, même si je ne prétends pas encore toucher mon but. La route est longue.
Bref, tout ceci pour dire que la dame a sorti dernièrement un nouvel ouvrage, fruit d'une nouvelle investigation et que j'ai bien du mal à décrocher mon nez de ses pages. Et pour cause, le sujet est criant, puisqu'elle raconte a tenté l'expérience pendant 6 mois d'être une vraie précaire. Non non, pas la précaire qui, son diplôme en poche a dû faire un peu la caisse chez Castorama le temps de trouver mieux (hum hum) mais une vraie précaire comme il existe tant en France, de ceux qui n'ont pas de diplôme et  par conséquent de choix étendu, qui connaissent bien les mots "trimer" et "galérer" et qui ne cherchent pas un emploi pour s'épanouir, mais pour avoir un toit. La base quoi.

Le résultat est est touchant car familier. Et loin d'un "chialons dans les chaumières" si cela peut rassurer les récalcitrants. Le récit est une course contre la vie, dans une ville moyenne (Caen) par une femme qui se reconstruit. Comme dit plus haut, la dame n'est pas adepte du style romancé et enrobé. Tout y est simple et posé là, plus Strip-Tease, que Confessions intimes, et les pages qui défilent à vive allure son teintées de d'humanité et d'un regard bienveillant mais objectif sur les recalés de la crise.
Alors bien sûr il s'agit d'une imposture, et les derniers à se méfier peuvent éventuellement dire qu'une fois de plus, un auteur a profité d'une situation réelle pour écrire un livre et gagner en notoriété. Ou pas.
A mes yeux, l'investigation est tout à fait sincère, et le résultat montre une France concrête, à travers des mots. Depuis le quai de Ouistreham, aucun doute, Florence Aubenas s'est plongée en immersion.

Le quai de Ouistreham, Florence Aubenas, Editions de l'Olivier

2 commentaires:

  1. Et comme je suis hyper open mind, je vous invite à lire également le contre pied de mon papier, qui a mon sens est une critique ne laissant aucune place à la discussion (on reste sur le constat négatif de départ) mais que je trouvais intéressant de citer.

    http://www.lejardindedb.fr/Florence-Aubenas-chez-les-ploucs

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  2. Hey Miss M

    "Non non, pas la précaire qui, son diplôme en poche a dû faire un peu la caisse chez Castorama le temps de trouver mieux (hum hum)"

    Hmm hmm hein...

    Je ne l'ai pas encore lu, et je le lirai certainement. Mais si c'est l'histoire d'une femme qui se reconstruit et s'extirpe de sa galère et misère, celà n'a t'il pas un goût de Bobby Brown qui se crashe dans la drogue après un succès trop rapide et trouve la rédemption sur le tard (et sort un album de country), goût typiquement américain pour le phoenix positiviste, le self-made man, etc? Et finalement, peu représentatif?
    Désolée pour mes références.

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