03 février 2010

Sous les voiles des filles

Délicate tribune que celle ouverte contre la niqab (soyons précis déjà, la"burqa" est un voile intégal "grillagé" là où la niqab laisse une ouverture pour le regard ) depuis son interdiction dans les lieux publics établie le 26 janvier.
Délicate oui, car il semble parfois glissant, ce discours teinté de valeurs républicaines. Le jugement se doit d'être subtil et clair. L'est-il? Juge-t-on aujourd'hui la perte de liberté de ces femmes? Les aide-t-on? Ou touche-t-on à un cil de cette religion qui fait peur sur ce sol, à l'aube des régionales?

J'ai tenté d'écrire plusieurs fois sur le sujet. Et autant de fois je me suis heurtée à ce problème de jugement dans lequel je crains de gaffer, ne connaissant pas parfaitement la culture islamique. Or, j'ai un profond respect pour les religions et la spiritualité de chacun, si elle est choisie et personnelle. J'en ai nettement moins pour les dérives et la perte d'identité.

Alors j'ai décidé de laisser écrire ici non pas la journaliste, qui manquerait de matière, mais la personne qui tente d'acquérir des droits et une place dans une société. Et qui ne comprend pas, et s'inquiète pour ces 1.900 femmes voilées. Un chiffre. Peu et tant à la fois.
Ainsi près de 2.000 femmes (officiellement) cachent leur corps, leur démarche, leur visage aux yeux des autres. Autant dire qu'elles camouflent ce qu'elles ont, ce qu'elles sont, ce qui leurs confèrent une identité propre. Elles s'effacent, deviennent fantômes.

Et je prends peur.
Non pas des fantômes qu'elles sont et qui ne méritent aucunement l'agressivité à laquelle elles font face courageusement. Mais peur qu'aujourd'hui, des femmes fortes, à la volonté palpable puissent se penser comme coupables d'être femme. Coupables d'attiser le regard par le simple fait d'être, coupables que leur silhouette puissent provoquer de la convoitise. Coupées du monde.
Certaines tiennent également à se racheter en revêtant cette muraille, d'un passé sulfureux. Qu'ici nous traduirions simplement d'indépendance. Et je reprends un coup de peur.

Et enfin et surtout, peur, qu'avec une telle loi, certes nous ne nous poserons plus ces questions car nous ne verrons plus ces voiles, ces niqab, mais nous oublieront que 1.900 femmes seront probablement cloitrées cette fois derrières d'autres murs. Ceux de leur logement.

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