Quand j'étais petite, je n'aimais pas Gainsbourg.
Alors, oui, là je sais que pour certains puristes, c'est aussi choquant que si je venais de dire que mangeais des chatons au petit-déj. Mais c'est vrai, je n'étais pas une vraie bobo, une enfant initiée à l'art alternatif, la modernité ou la provoc'. Je n'étais pas une gamine sans culture pour autant : j'écoutais les accords des Beatles, et apprenais les paroles de Brassens (parfois fleuries elles aussi) dans mon salon avec mon papa.
Mais voilà, j'avais 8 ans. Et le manque de nuance qui allait avec.
Alors cet homme, moche, à la voix trainante et pâteuse que je découvrais sur mon écran dans un nuage de fumée créait chez moi un certain malaise. Pire, du dégoût.
Je n'avais rien compris.
Car c'est l'avantage de l'âge, on révise nos verdicts. Un peu comme le café qu'on trouvait trop amer dans notre enfance et dont on ne peut se passer aujourd'hui. Idem. Nos a priori s'atténuent, notre esprit critique s'aiguise et l'essence même des choses, des gens, se révèle comme sur du papier photo. Les contrastes apparaissent.
Mon contraste à moi a repris pendant l'adolescence. Précisément lors d'une fête pour laquelle j'avais eu l'idée de me déguiser avec une copine en Bonnie and Clyde après avec ré entendu la chanson de Gainsbourg sur les ondes. Tiens? ce rythme entêtant. Ce sample. Mouais pas mal. A vrai dire, à la radio, Gainsbourg ça passe bien, ça me fait fredonner. Les nuances prennent. Et régulièrement, ces rythmes audacieux reviennent, dans mon quotidien. Deviennent aussi mon patrimoine. Peu à peu, les chansons dites "osées", les je t'aime et les moi non plus, m'apparaissent sensuels, poétiques et forts. Je grandis.
Et voilà qu'à 28 ans je reprends une dose de Gainsbourg, et que celle-ci fait wiiizz, sans effort. Il a suffi d'un film et d'une B.O. pour ça. D'une sensibilité traduite à l'écran, d'un talent acide et juste, et d'un répertoire réécouté comme s'il était neuf. Et à bien l'écouter il l'est, encore.
Alors aujourd'hui, je me permets un erratum. Serge, non seulement tu es beau, par ton art, ton inspiration, mais tu es un artiste, un grand. Et je suis ravie que tu rythmes encore mon quotidien. 19 ans après. Mieux vaut tard, que trop tard.
PS: Et parce qu'il ne faut jamais trop dire facilement qu'on aime, et que je ne pouvais décemment pas finir ce post sans musique, voici un petit clin d'œil. Bonne écoute.
http://www.bootlegsfr.com/jedetestesergegainsbourg/
Il y a 7 ans
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