Est-ce moi ou bien est-ce que, en France, nous faisons face à une pathologie plus tenace que nos poignées d'amour ancrées disgracieusement en fin d'hiver? J'ai nommé le manque de recul. Ou de discernement au choix, un manque quoiqu'il en soit. Parce que je lis effarée depuis quelques jours l'ampleur que prend cette histoire de chronique à la Guillon face à Eric Besson, et que je me demande comme Cabrel en son temps si ce monde est sérieux...?
Piqûre de rappel : lundi matin le grand méchant Stéphane Guillon a croqué Eric Besson dans sa chronique matinale sur France Inter à l'aide de moult détails irritants (c'est Guillon), en prenant pour angle le service qu'il rendrait au FN avec sa politique d'immigration. Soit, c'est drôle, ou pas, selon les sensibilités (il en a fait des meilleures à mon humble avis). Mais devant tant de haine (ou d'humour noir) la "victime" est donc montée fissa au créneau défendre son honneur "bafoué", et s'est vu recevoir les excuses, et pourquoi pas une jolie corbeille de fruits pendant qu'on y est, du directeur de France Inter Jean-Luc Hees.
Hier on apprenait aussi que M. Besson provoquait en duel ce cher Guillon, haha, qui ferait moins le fier dans une joute en face à face hein?? Ambiance "Are you talking to me?" un peu.
Mais où sommes nous là?
Non parce que à chaque fois je me demande si on à pas mieux a faire que de perdre du temps avec ce genre de non-lieu. Evidemment Stéphane Guillon est allé trop loin. Evidemment il utilise des traits forcés, méchants pour sa chronique, et on peut les détester (Heu moi perso, j'aime bien quand il s'agit des autres, lâchement, mais faites moi une demi-critique et je fond en larmes), mais il s'agit d'un jeu de rôle. Ses chroniques sont étudiées pour provoquer des "Ohhh" d'indignations, des souffles coupés, des rires acides. Bref un sorte de catharsis ( l'instant "je connais un mot compliqué").
Qui peut croire à un dérapage, ou une opinion personnelle au premier degré déversée dans une sorte de vengeance?
La méchanceté, l'humour noir font son fonds de commerce. Guillon est acteur, il entre en scène, pose son sujet, le maltraite de sa verve, et repart bosser. Ce n'est ni gratuit, ni foncièrement méchant. C'est un rôle de composition, de l'humour et, attention, je pèse mes mots, de la liberté d'expression, qui me semblait être une chose acquise dans ce pays (j'ai grandi avec les Guignols...) j'ai dû me tromper. Et je soupçonne même qu'il est payé pour ça en fait.... et écouté aussi.
En revanche, qu'un politique, prêt à affronter diverses situations, à être jugé par un peuple et critiqué pour ses idées, ses réformes se débatte comme un lion face à une farce mise en scène, je trouve cela vraiment dommage, stérile voire effrayant....
Tout aussi inquiétant peut-être que d'enlever des tentures d'une artiste mettant en scène les mots Travailler, Plus, Gagner, Moins. Non décidément, plus ça s'approche de l'Elysée, moins on a le droit d'y toucher.
Et je lance seulement l'idée : et si la réponse à un chroniqueur qui fait son boulot était de seulement bien faire son boulot de politique?
Enfin je dis ça, je dis rien....
Il y a 7 ans
tu écris vraiment très bien ces "billets d'humeur". Quel style!
RépondreSupprimerMais qui me parle?
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